La récidive !
Quelques temps (mois ?) après ma première tentative de patine (Richelieus loupe d’Orme tirant vers le rouge orangé sous une certaine luminosité: https://qualisartifex.wordpress.com/2011/02/07/souliers-patine-loupe-dorme/, j’ai donc récidivé avec une autre paire de Richelieus. Effectivement, il faut admettre que l’ivresse de faire quelque chose soi même est excitant. C’est risqué certes, mais le jeu en vaut la chandelle.
Ainsi, pour ma seconde expérience, j’ai encore opté pour une paire de Richelieus. En fait, j’aurai pu choisir un derby deux œillets de chez Finsbury (mais elles sont noires et je n’ai pas encore tenté le décapage extrême à… la javel. Mais, paraît-il que c’est péché, enfin que c’est mal quoi…). J’ai donc jeté mon dévolu sur une paire en désamour que je devais impérativement sauver de l’oubli de mes petons.
La patine tentée est plus ambitieuse que la précédente. En effet, j’ai tout simplement décidé de changer de couleur. Du noir, j’en avais. Du marron, j’en avais du clair et du foncé mais point de bleu ! Parfait ! Bleu marine, cela ira très bien avec mon complet bleu…
Le mode opératoire est absolument identique à ma première tentative.
Voici la photo de la victime avant l’opération et son pedigree
A l’état initial
Famille : Inconnue (cette paire a été achetée dans une boutique de souliers sans marque particulière)
Type : Richelieu 4 œillets à empeigne effilée
Constitution : Cousu blake
Age : 2 ans et demi approximativement
Signes particuliers : beaucoup de rides (relativement disgracieuses) sur l’ensemble de la chaussure. Le prix d’achat (une centaine d’euros) devait justifier la qualité du cuir…
Etape 1 – la préparation
Je prépare un plan de travail dégagé avec une planche de contreplaqué afin de ne pas abîmer la table et mets à portée de main :
– l’acétone
– des chiffons en coton
– un flacon de teinture textile bleu marine (marque Teinture aux drapeaux AVEL)
Note : il est dommage que cette marque n’offre d’autres teintes (rouge, violet, etc.) que dans une contenance supérieure : bidon de 500 ml ! De quoi teinter une vache…
– un pinceau propre à poils fins propre. Comme la précédente fois, le pinceau étant relativement fin je n’ai pas eu besoin de mettre du scotch sur les endroits que je ne voulais pas teindre. A éviter si votre adresse vous fait défaut…
– des gants (ils sont normalement livrés avec la teinture). Même remarque que pour l’applicateur en coton, je préfère utiliser des gants en latex car il n’y a pas de surplus qui risque de gêner mes mouvements et j’ai une meilleure prise en main.
Etape 2 – Nettoyage et décapage
Je nettoie les chaussures avec une brosse à poils moyens pour enlever les « grosses poussières »
Je passe un chiffon doux légèrement imbibé d’eau pour avoir une surface propre.
Avec un chiffon imbibé d’acétone (en faisant attention de ne pas trop en mettre au début), je frotte la surface de la chaussure.
On observe une perte de teinte assez rapidement. Je renouvèle l’opération, l’acétone étant très volatil, son efficacité est relativement de courte durée. Comptez quinze ou vingt bonnes minutes de patience et de mouvements pour enlever l’ensemble de la teinte…d’une chaussure. Oui, c’est long…
Etape 3 – Teinture
Une fois la paire passée à la lessiveuse « acétone », je mets les embauchoirs afin que le cuir prenne une bonne forme et je laisse reposer une demi-heure (ce qui vous permettra d’aller jeter un petit coup d’œil sur mes derniers boutons de manchettes par exemple … ;-))
Puis, je retire les embauchoirs et passe la teinture.
Dès le passage complet de la chaussure à la teinture, je reprends un chiffon doux imbibé d’acétone (à petite dose, le but n’étant pas de retirer entièrement la nouvelle teinture) que je passe sur les zones que je souhaite éclaircir (empeigne, garants, etc…)
Une fois terminé, je remets les embauchoirs et laisse sécher une petite heure au moins (vous en profitez alors pour passer commande de la paire de boutons que vous avez repérer lors de la précédente pause J)
Une chaussure et demi de teintée, une! ..
Deux chaussures dans la même teinte, c’est mieux…
Pour l’effet « c’est-fait-à-la-main-et-pas-à-la-bombe », je repasse un peu d’acétone sur l’ensemble de la chaussure en insistant que quelques parties que je souhaite éclaircir. Par contre, il faut y aller doucement pour l’effet « marbré »
Etape 4 – Cirage et glaçage
Je passe du cirage bleu marine mélangé avec un cirage invisible pour encore éclaircir le tout, en faisant des mouvements circulaires sur l’ensemble de la chaussure (la chaussure devient sous les mouvements de plus en plus brillante).
Puis glaçage du bout et des garants
Etape 5 – Finition
Pour finir, un petit coup de chiffon doux en coton sur la chaussure afin d’enlever l’excédent de cirage et enfin les lacets!
(Bon … le flash et l’éclairage font en sorte que la teinture paraît plus claire et ressortir les « marbrures »)
Et voilà ! …